Le Jura
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LE JURA
7et 8 Juillet 2018
Allez on y va ! Dit l’un,
J’arrive, dit l’autre,
Hé ! Attendez-moi ! Dit le troisième.
Les trois compères chablisiens s’apprêtent à vivre « des aventures jurassiennes », qu’il a dit le Christian, « et qui ne manquent pas de sel » a-t-il rajouté, énigmatique.
C’est dans le cadre d’un programme D.L.F.R. (Détente Loisirs et Franches Rigolades) que s’inscrit ce week-end au sein de la V.R.C. (VROAM Race Compagny).L’autoroute du soleil est plutôt chargée, les juilletistes sont de sortie. Alors une pause à l’aire de La Forêt près du col de Bessey-en-Chaume, altitude 576 m, va nous détendre le pylore et les grands fessiers. La station au titre ronflant « On the Run » me plonge dans la nostalgie des dessins animés de Tex Avery : le fameux Bip Bip Roadrunner ! Après un bon café, une viennoiserie pour le plaisir des papilles et une note pas trop salée, nous voilà de nouveau en route.
Tout à coup, dans un sifflement déchirant, un Roadrunner me double et j’entends le fameux bip bip qui se perd à l’horizon : je deviens fous ou bien … « parfois un casque de moto est une cellule de méditation, les idées emprisonnées y circulent mieux qu’à l’air libre » (Sylvain Tesson, Berezina).
Sortie Dôle, direction Mouchard, nous croisons Myriam qui agite les bras en tous sens comme si elle traversait une compagnie de perdreaux. Elle nous expliquera plus tard qu’elle était en recherche d’une station essence …
En ville, sur le parking face à la poste, croquant goulument le pique-nique, une bande de riders vite identifiée, nous accueille ; un morceau de salade entre les dents, un rien de mayonnaise à la commissure des lèvres, n’empêchent pas les embrassades chaleureuses des retrouvailles. Mais oui ! Ce sont bien des membres de la V.R.C. !
La recherche d’un coin d’ombre, en effet le soleil est accablant sous cette latitude, nous dirige vers un café avec terrasse ombragée, à quelques centaines de mètres de la ripaille du parking. La serveuse nous propose des sandwiches mais il faudra patienter nous dit-elle.-Alors mettez nous donc quelques rafraichissements, et pourquoi pas un picon-bière pour commencer !
-Mais bien sûr, répond la brave dame, il fait drôlement chaud, rajoute-elle avec un accent mouchardien typique, je m’en vais chercher de suite du pain et de la charcuterie pas trop salée pour vous restaurer… Et elle nous laisse les clés du bar !
Alors par un prompt renfort, nous nous retrouvons nombreux à la terrasse de ce café.
Après ce joyeux moment passé sous la tonnelle, nous retrouvons nos amis pour la balade dans les coteaux. Christian organise les groupes : et 1, et 2, et 3 Z….. ! Non ! Non pas maintenant ! Capitaine, mon Capitaine ! L’intrépide bande de riders se met en mouvement, le groupe 1 circule gentiment sur la grande route, quand subitement, à l’entrée du premier village, on tourne à gauche-toute par un chemin improbable, mais oui ! C’est la première épreuve du stage de demi-tour parfaitement maîtrisé par tous, on peut le souligner.
Esther se demande qui sont ces cascadeurs qui se fichent des gravillons. Notre leader Patrick à la belle bleue fulmine « c’est le GPS ! » nous avoue-t-il.
Nous n’aurons pas d’autre épreuve jusqu’à la grotte de Baume Les Messieurs, ce lieu issu de plis géologiques formant une reculée immense, où l’ombre et la fraîcheur salvatrices des gigantesques parois de granite, habillées de cascades aux milles embruns, invite le voyageur au recueillement. Les routes, les sentiers boisés, les contours de vignes, pour parvenir à ce lieu magique étaient certes viroleuses, mais pas autant que le Jura en propose plus à l’est. Il faut dire que nous étions sur un « plateau jurassique » parait-il. Je vous laisse le loisir de la réflexion : Jura-t-y ou Jura-t-y pas ?
Après la visite de la grotte, que certains tenteront malgré les évènements qui émaillent l’actualité des grottes de par le monde, après la visite de la buvette nichée au cœur de cette reculée où d’autres auront tenté la crêpe Suzette ou salée et son demi de bière, les groupes se reforment et reprennent la route sur le « plateau jurassien ».
Nous traversons de charmants villages, comme Voiteur, Poligny, Arbois, Pupillin (où Joël et Nathalie sont allés s’encanailler dès vendredi !) tous ces lieux célèbres pour la grande qualité de leurs vignobles, nous préparent ainsi à la dégustation des vins et fromages de tout à l’heure. Soulignons que cet après-midi de stage riche en épreuves nous tend un nouveau piège un peu salé. En effet, une voie sans issue se propose à nous, motards aguerris, alors sans coup férir et dans un ballet mozartien, nous réalisons un audacieux demi-tour tout en souplesse qui nous remettra dans la bonne direction. Patrick, mort de rire, redécouvre le caractère facétieux de son GPS.
Au bout d’une longue rangée de peupliers, nous découvrons bientôt la Saline Royale d’Arc-et-Senans. En contournant l’édifice, nous accédons par une porte dérobée, munie d’un code secret, à une allée ombragée qui tiendra lieu de parking. Les chambres sont distribuées par le concierge du lieu car nous passerons la nuit dans ces bâtiments monumentaux imprégnés d’histoires Ô combien salées, construits au XVIIIème siècle et aujourd’hui classés Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1982.
A 19h30, dégustation des vins du Jura : un viticulteur nous propose ses vins : rouges pour le Poulsard et le Trousseau, idéal avec des grillades, blancs pour le Savagnin et le Chardonnay, parfait avec des viandes blanches, puis le fameux Vin Jaune, le Crémant et pour conclure le Macvin !...
Tout ça accompagné par quelques lamelles de Comté finement salé ! Nous ne manquons pas de nous munir de quelques bouteilles auprès du viticulteur, elles viendront compléter, s’il en est besoin, les tables du dîner.
Après le repas, voluptueusement accompagné d’émotions vineuses, nous voici nous dispersant sur la pelouse, version « soirée libre ». Le café du coin en ville n’est pas accessible, le concierge tient le rôle du Cerbère de la Porte, alors je me souviens de la bouteille de Jack bien calée au fond de mes bagages lorsque Triumph Philippe suggère le match de ce soir : Russie/Croatie, de plus il a repéré un téléviseur quelque-part. Nous voilà donc installés devant la Coupe du Monde de foot pour regarder la 2ème mi-temps jusqu’aux tirs aux buts. La bouteille de Sky est vite épuisée, pourtant elle a suffi pour confondre la couleur des maillots : Vive les Rouges, heu ! Vive les Noirs ! Pour info : La Croatie l’emporte sur la Russie aux penalties 4-3.
Une balade dans les jardins extraordinaires cernant le site nous dégrise un peu, mais parcourir au bas mot 3 kilomètres après 2 heures de match me ramène peu à peu sur les rotules à la chambre.
Au petit dèj les consignes sont acquises pour tous : rendez-vous 10 H… ou 10H30… mais non ! 9H30 ! Enfin nous voilà rassemblés sous les arbres au cœur du site. Serge est notre guide de ce matin : savez-vous qu’un certain Serge officier romain fut compagnon de Bacchus en Syrie au IVème siècle avant J-C ? Voilà qui est salé !…..non ?
Bien, alors la Saline ? Projet validé par Louis XV le 27 avril 1774, peu avant sa mort le 10 mai suivant, la première pierre fût posée le 15 avril 1775, les essais de production de sel commencèrent à l’automne 1778 et l’exploitation de la Saline débuta en 1779 et jusqu’en 1895. Prémices de l’ère industrielle à venir, La Saline emploie de nombreuses personnes serviles naissant, travaillant et mourant sur place. Les héritiers de ce schéma d’entreprise développeront plus tard ce modèle dans de multiples productions.
Aujourd’hui, il s’agit d’un lieu apaisé, lieu d’art et de culture qu’il ne faut pas manquer de visiter. Quant aux jardins, qui étaient autrefois cultivés par les habitants du lieu, depuis quelques années ils sont harmonisés avec un thème : en 2013 le théâtre, en 2014 les jardins nomades, en 2018 l’utopie d’une promenade digestive aux multiples rebondissements …
Après ce moment d’histoire, nous irons honorer l’invitation de M. Le Maire de Villers-Farlay, ce qui fera l’objet d’une petite balade moto ! Sylvie, déjà en selle, se réjouit de son nouveau Bagger aux Ailes d’Or ; quant à Thomas, il essore la poignée de gaz « encore un peu de patience ! » lui suggère son papa « les 140 chevaux arriveront bientôt mon p’tit gars ! ».
C’est dans la salle du Conseil que l’Adjoint nous raconte l’histoire du jeune Jean-Baptiste JUPILLE, qui, voulant protéger ses camarades et son modeste troupeau de vaches, fût mordu par un chien enragé - ce qui était plutôt fréquent en cette fin de XIXème siècle. Le maire du village M. PERROT sollicita son ami M. Louis PASTEUR, éminent chimiste, qui fit venir le jeune Jean-Baptiste dans son laboratoire à Paris. Après un protocole complexe de soins, il lui sauva la vie, confirmant ainsi la réussite de son vaccin contre la rage.
Après cette page d’histoire et le vin d’honneur offert par l’édile du lieu, nous retrouvons le repas de midi à la Saline. Philippe, le veinard à la K16, marque son entrée dans l’univers de la retraite bien méritée par une tournée générale de kir : « Soit le bienvenu dans cet univers ! Et ça l’est ! » Tandis que le parfum si caractéristique de la saucisse de Morteau envahit la salle.
C’est ça aussi, le Jura !
Mille mercis aux G.O. du week-end et à vous tous !
Question subsidiaire : Combien de fois les mots « sel » ou « salé-e-s » sont cités ? Attention ! Il y a un piège !
Philippe Sodoyer