Horice

Avant le formidable texte de Serge Grandvaux, qui va suivre, voici les premiers clichés de ce superbe périple effectué vers la République Tchèque. Les sites étaient magnifiques, l'équipe fantastique. Heureux qui, comme un Vroameur, a fait un beau voyage...

Un clic sur l'horloge, pour le voyage:

horloge-astronomique-de-prague

Un clic sur le pilote pour la course:

DSC 0605bis

 

Un clic sur le podium, pour le compte rendu de Jean-Claude Brossard:

 

vignette-j-claude

 Un clic pour voir l'album de Paul Thellier:ek-Dvur-Kralove

Un clic pour les photos de Jean-Claude et Patricia:photos-jean-claude-patricia

Un clic pour les clichés noirs et blancs de Serge:{phocagallery view=categories|imagecategories=1|imagecategoriessize=5|hidecategories=4,5,6,7,8,9,10,12,13,15,16}

 Et enfin, un clic sur la vignette de droite, pour voir des clichés de photographe:horice

Le texte de Serge:

« Es schlug mein Herz, geschwind zu Pferde!
Es war getan fast eh gedacht.*»

Quel meilleur compagnonnage, que celui de Goethe, pour partir avec les copains remonter le cours de la Moselle, longer le Rhin, filer vers Berlin, parcourir la Bohême, vibrer au rythme fou d'une course endiablée, et puis se perdre un instant dans Prague avant de revenir, heureux comme Ulysse après un long voyage, vivre auprès des siens un repos rempli de souvenirs.

 

Certes le cheval n'est plus de mise mais à serpenter à moto au cœur de la vallée mosellane, malgré la pluie, on aurait aimé prendre le temps d'une chevauchée tranquille et romantique. Le petit village de Bernkastel ne nous invitait-il pas à une pause dans une auberge, d'où l'on aurait entendu l'écho lointain des sabots des chevaux, le bruit d'une malle-poste sur le pavé, le cri des cochers. Le périple commençait magnifiquement.

 

Il fallait à nouveau enfourcher nos montures et repartir
« Pourtant, j'étais joyeux et gai
Ô, la fournaise dans mes veines »

 

Et c'est pourtant dans ce cadre idyllique qu'a eu lieu la rupture. Ce n'est pas mon habitude de faire dans le people, mais je ne peux passer sous silence le drame qui s'est joué dans notre groupe. Certes, les esprits curieux et avertis avaient bien remarqué que « ça ne baignait plus dans l'huile » comme avant. On avait même remarqué comme un petit flottement, comme des petits craquements. Et à la pause, il fallut se rendre à l'évidence, accepter la réalité dure et crue, la famille GS explosait, le couple conique se séparait, c'était la fin d'une belle aventure. Les amis se proposèrent pour gérer au mieux cette tragédie, l'un prenant les effets personnels, l'autre offrant son strapontin à la malheureuse victime de cette séparation brutale. Tout le monde œuvra pour que les stigmates de cette rupture consommée n'atteignent pas trop le moral des troupes. Le temps qui passe fit le reste et de conseils en petits SMS et échanges téléphoniques tout se « recolla » en fin de parcours, le couple ressoudé roula de nouveau vers des cieux enchanteurs. Ouf !!!
Bien sûr cet épisode alimenta les discussions le soir à l'étape mais l'attente du soleil préoccupa bien davantage la gentille tribu Vroam qui ne perdit pas son indestructible moral en s'offrant même une petite promenade pédestre et digestive sur les bords du Rhin.
« Le soir déjà berçait la terre,
Et la nuit pendait aux montagnes.
Déjà le chêne avait enfilé son costume de brume... »

 

L'autoroute nous attendait pour rejoindre Berlin. Ce n'est pas marrant l'autoroute pour un motard, mais, en Allemagne, n'en déplaise aux pisse-froid français de la limitation inconditionnelle de la vitesse, on peut s'offrir quelques petits morceaux de choix histoire de décalaminer un peu les soupapes. Ce fut un régal pour beaucoup. De plus, on lit sur les panneaux indicateurs des noms de villes qu'on ne savait pas très bien situer sur la carte quand les professeurs d'histoire ou de philosophie nous en parlaient. Excusez du peu : Wetzlar, Gotha, Weimar, Iéna, Leipzig, Postdam, Spandau (Là ce ne sont pas mes professeurs qui m'en ont parlé mais mes copains motards).
Berlin, un jour pour tout voir ? Mission impossible, alors il faut choisir. Le mur bien sûr, Check Point Charlie et son musée évidemment. Les souvenirs remontent à la surface et, bien que très jeune à l'époque, je me rappelle très précisément où j'étais quand la radio annonça sa construction. Mon père m'a dit que c'était très grave et peut-être le début d'une troisième guerre mondiale. Heureusement il se trompait. Tout a été dit sur ce mur, mais en se promenant dans cette ville martyre on comprend ce qu'a pu être le déchirement d'un peuple face à ce monstre. On devine la joie des Berlinois vingt-huit ans plus tard. Il règne une atmosphère de calme et de retenue quand on se promène dans la capitale de l'Allemagne, comme si on voulait profiter d'un bonheur retrouvé avec une pudique discrétion. On aimerait rester plus longtemps dans ce lieu. Tous les « anciens » qui ont suivi les évènements de Berlin accepteront volontiers que nous offrions ces vers à cette Belle qui nous a irrésistiblement charmés
« Je t'ai vue, et la joie si tendre
De tes doux yeux m'a inondé;
Tout mon cœur était près du tien,
Et tous mes souffles étaient pour toi.
.....
« Las, dès le soleil du matin,
Les adieux m'éteignaient le cœur: »

 

La route cette fois-ci pour aller au but du voyage : Horice et sa course. Un petit crochet par la Pologne et on « descend » sur le circuit. Dès notre arrivée à l'étape et sitôt les valises et top-cases déposés au gite, on file en « reconnaissance ». C'est très important il faut repérer, choisir les bons emplacements, ceux pour les essais, ceux de la course. Il faut aussi aller sentir l'ambiance par un tour au paddock. Là, les spécialistes du groupe enquêtent, regardent, questionnent, tournent et retournent tels des chiens de chasse à l'affût. Rien ne leur échappe, les premières impressions s'échangent, les premiers commentaires naissent.
Chacun a choisi ses emplacements et les recommande aux copains pour les essais et pour la compétition.
« Là, tu comprends, tu les vois dans le grand S...
« Là c'est super, ils descendent à fond et tu les vois debout sur les freins avant le grand à droite ...
« Juste avant les tribunes, tu les chopes à la sortie de la forêt et tu les accompagnes jusqu'à ce qu'ils plongent dans la grande descente ...
« De toute façon, avec un tel circuit, tu peux te déplacer pendant les épreuves et te poser à de nombreux endroits. C'est vraiment super...
« Là, .....

 

Le repas est bruyant et résonne des premières impressions du circuit.
« T'as entendu ce bruit les deux temps ?
«T'as senti ces odeurs, ça n'te rappelle pas le bon temps ?
« T'as vu, c'n'est pas les ordinateurs qui encombrent les paddocks !
« Y a quand même quelques français, les gars, ils sont courageux de venir jusque là
« Et puis t'as remarqué .....

 

Peut-on encore s'endormir rapidement quand on a tant de nouvelles images en tête. On pense déjà à demain et à la route à retenir pour ne pas se faire piéger par la fermeture du circuit. Nouvelles discussions sur les GPS. A croire que ces engins sont faits pour que ceux qui n'ont pas envie de se coucher aient quelques bonnes raisons de retarder la montée dans leur chambre.
« La lune au sommet d'un nuage
Passait un regard langoureux,»

 

C'était l'heure d'aller au lit pour être en forme et ne rien manquer le lendemain.

 

Ce coup-là c'est du sérieux, les furieux déboulent sur le circuit et notre imagination n'a pas été assez grande pour nous prévenir de ce que nous voyons. Fantastique, incroyable, que du bon et du beau. Sur le sec, c'est déjà impressionnant, sur le mouillé, c'est surréaliste.
La comparaison avec le TT s'impose tout comme la réponse... « Ce n'est pas comparable ». Ce n'est pas moins bien, ce n'est pas mieux, c'est .... différent. Les « anciens », encore eux, revivent leur jeunesse, l'ambiance des courses pour le plaisir, la bagarre avec rage et passion, sans rien lâcher, mais sans esprit agressif, bon enfant mais enfants teigneux. Tout le monde se régale et en redemande. Certains aiment la vitesse, d'autres la beauté du geste, d'autres la pureté d'une trajectoire. Chacun picore dans un plat qui passe et repasse sous des yeux ébahis de gourmands qui dégustent goulument et ne sont jamais rassasiés. Que du bonheur.
La course sera encore plus impressionnante que les séances d'essais. Comme disent les enfants « Là c'est pour de bon, c'est pour de vrai ». C'est même plus vrai que vrai. On en prend plein les yeux, plein le nez, plein les oreilles et surtout plein le cœur. Il y a des gestes qui enthousiasment. Le plus beau de tous est certainement le tour d'honneur où les pilotes saluent le public et où le public applaudit. A ce moment, on semble se parler :
« Vous nous avez enchantés, merci les gars »
« De rien, vous étiez là pour nous encourager et partager notre passion alors merci à vous et partageons notre bonheur. »

 

Petit détour par le paddock où « L'Mig » s'apprête à charger sa deuxième monture dans son fourgon. Il faut dire que nous lui fournissons une excellente machine pour ses prochaines compétitions. Une Honda 1000 CBF. Certes, il faudra enlever valises, top-case et autres accessoires de route, gonfler un peu le moteur, améliorer les suspensions, mettre un train de pneus course et ..... vérifier la batterie et le circuit électrique qui sont à l'origine de ce retour en « Mig Express». De plus Jean Claude est fin prêt pour l'accompagner jusqu'au TT à moins qu'il ne s'arrête à Bar-le-Duc. Qui a dit qu'il n'y avait que les BM qui tombaient en panne ???

 

Les photos sont dans les boites, il reste à les mettre sur le site de Vroam. On complètera avec celles de Prague l'enchanteresse.
En attendant, la route continue.
Nos guides sont là prêts à nous offrir, pour le retour, des petites routes comme on les aime, où l'on pourra se lâcher un peu. Ils nous libèrent de tout souci d'itinéraires. Ils ont un œil sur la route, un sur le GPS et le troisième dans les rétros. C'est bien la preuve qu'ils font là un travail énorme qui mobiliserait au moins trois cyclopes. Alors, pour eux, très chaleureusement, un petit clin d'œil de remerciement de la part de nous qui n'avons que deux yeux que nous avons écarquillés pendant tout ce voyage féérique.

 

* Goethe «Willkommen und Abschied »
En PJ la traduction de ce poème qui a servi de fil rouge pour le texte. Un clic ici.
Pour celles et pour ceux qui veulent la version originale, elle se trouve sur Internet en tapant le titre du poème en allemand.