"Des Vroameurs aux Millevaches 2015" par Bernard M
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Tout à commencer lors d’une soirée d’anniversaire bien arrosée à Niort.
Pourquoi Niort, tout simplement parce qu’un des futurs participants habite la banlieue niortaise.
L’idée a fait son chemin au cours du repas et le projet de voyage aux Millevaches prend forme au fur et à mesure de nos discussions et des bouteilles qui se vidaient...
Pour celles et ceux qui ne connaitraient pas les « Millevaches ».
C’est une concentration à l’ancienne sur le plateau des Millevaches en Corrèze profonde à une vingtaine de kms au nord de Meymac qui se déroule vers le 15 décembre et qui attire environ 2000 motards.
Ce rassemblement, qui existait dans les années 70, est exclusivement réservé aux deux et trois roues en autonomie totale.
Que veut dire en autonomie totale ?
Pas de restaurant, pas d’hôtel chauffé sur place. Plutôt la toile de tente avec pour seul chauffage le feu de bois et un peu de liquide antigel que l'on trouve dans la région de Cognac...
Il faut aussi préciser qu’à cette époque de l’année, la température peut descendre largement en dessous de 0° voir même avec de la neige abondante.
Les participants
Patrice, la cinquantaine juste passée à l’époque, motard depuis de nombreuses années en BMW et d’autres. Vraomeur depuis le début des années 90.
Richard, la cinquantaine approchante, frère de Patrice, motard lui aussi depuis de nombreuses années, propriétaire et collectionneur de motos anciennes (MZ, DUCATI, BMW, et japonaises des années 80) et surtout fin mécano. Vraomeur dans les années 90, il y a même rencontré sa future épouse Alexandra, motarde charentaise en BMW R80ST (voyage VROAM Ecosse 1993, souvenirs...souvenirs...)
Stéphane, jeune quinqua lui aussi, cousin de Richard et Patrice; mécano amateur et collectionneur de trails des années 70-80.
Bernard la soixantaine approchante, copain des trois autres, motard depuis 1974 en BMW et autres, petit collectionneur et restaurateur de mobylette Motobécane. Vraomeur depuis les années 90.
Trois autres participants, copains de Stéphane, se joignent à nous à la dernière minute et feront aussi parti du voyage aux Millevaches....
Vous l’aurez compris des passions communes, la moto, « l’aventure », la mécanique......et aussi une grande amitié.
Les machines
Après plusieurs apéros lors de nos discussions le soir de cet anniversaire bien arrosé (heureusement nous dormions sur place), il est décidé que nous laisserions nos grosses motos au garage et que nous irions aux Millevaches en 125; et pas n’importe lesquelles des 125 MZ TS ou ETS de 1970 à 1980, superbement remises en état et prêtées par Richard. Des machines 2 temps hyper puissantes de 11 à 12 poneys.... en plein galop; ceci dit confortables et de réputation très robustes.
Seul Stéphane décide de partir avec un 125 DTMX de 1980. Son dos trouvant la japonaise plus confortable que la selle des petites allemandes de l’Est....
Les 3 copains de Stéphane fermeront le groupe en Harley et Japonaises modernes.
Avec nos avions de chasse allemands, les radars routiers n'auront qu’à bien se tenir. Ils ne vont pas nous effrayer avec nos 85 à 90 kms/H en pointe et vent dans le dos. Mais bon...il n’y avait pas de vent, dommage !!!
Comme quoi l’alcool fait délirer.
La préparation des motos :
Quels accessoires « grands raids » ont été mis en place. Pas de lecteur de road book, de GPS ni poignées chauffantes (6 volts) mais la pose de portes bagages, de sacoches latérales et de réservoir, bulle de protection ont été montés. (vue la vitesse impressionnante de nos purs sangs ex RDA) Certains rajouteront de manchons protège mains.
L’équipement de pilote
Traditionnel pour notre sécurité ; chacun porte un gilet jaune réfléchissant aux couleurs de notre club moto pirate créé pour l'occasion le "MZDT Riders Club" de Charente. A la vitesse à laquelle nous roulons nous sommes des chicanes mobiles.
Pour certains, casque jet ou intégral à l’ancienne mais équipements modernes compte tenu du froid annoncé en terre Corrézienne.
Test de pré roulage pour mise au point des hommes et des machines
Rendez-vous pris pour la mi-juillet au départ d’Angoulême pour une randonnée préparatoire estivale dans les environs des lacs de Haute Charente.
Un superbe road book de 400kms aller et retour réalisé par Richard nous a permis de découvrir les petites routes de la belle région limousine que je ne connaissais pas.
Ce roulage nous a servi pour faire des mises au point sur les machines (problème de câble d’allumage pour Patrice dû au montage de la sacoche de réservoir et d’une roue avant desserrée pour Richard).
Un camping gaz récalcitrant pour le café du matin.
Le bilan de ce pré roulage a été très positif.
Au camping le soir, nous avons eu droit à un concert d’un groupe de musiciens anglais dans un pub local (anglais) situé dans un hameau perdu.
Au retour nous sommes passés dans un petit village qui organisait une belle exposition de motos anciennes et récentes.
Départ pour le grand voyage du 15 décembre
Arrivée le vendredi soir à Angoulême, pour le dîner préparé par Alexandra et Richard.
Alexandra nous avait tricotés pour chacun un tour de cou avec une broderie MZ et DT faite main.
Chargement des motos avec l’essentiel :
Huile de synthèse pour le mélange.
Quelques outils, du fil de fer, des bougies, une batterie ..........
Une de mes sacoches a été réquisitionnée pour le ravitaillement des pilotes (rouge pour le vin chaud, muscadet et crème de cassis pour le kir, bouteille de cognac en antigel et un peu d’eau pour le café du matin). Le point d’eau local risquant d’être gelé.
Le départ est prévu à la levée du jour du fait du faible éclairage de nos montures équipées en 6 volts.
Événements imprévus du samedi matin:
Nous découvrons un brouillard à couper au couteau mais cela ne va pas entamer notre enthousiasme.
Problème de mise en route de la DTMX. Stéphane habituellement motard calme et zen, monte rapidement dans les tours après plusieurs coup de kick sans succès.... de notre côté, nous ne manquons pas de le charrier sur la fiabilité de sa machine aux yeux bridés...
Mais après un peu de bricolage et démontage de bougie, la panne est trouvée : le coupe circuit au guidon était passé sur OFF à cause des manchons.... nous dit-il???? Pour ne pas l'énerver davantage, nous acceptons de le croire.
Lui qui nous avait chambrés sur la fiabilité de nos machines de l'Est.
Pour nous les MZistes, tout se passe bien jusque-là.
Les passages dans les nombreuses forêts charentaises sont propices à la traversée des chevreuils. Mais à la vitesse à laquelle nous avançons, le risque est peu élevé.
Nous rencontrons d’autres MZ dans une station de carburant. Ils se rendaient eux aussi aux Millevaches ; nous les retrouveront sur la route.
La faible autonomie de la petite japonaise nous oblige à des ravitaillements fréquents.
Pour la pause du midi, décision prise de se faire une halte dans un petit resto au chaud, le patron va jusqu’à nous dépanner gracieusement de 5 à 6 litres de carburant. Les pompes à essence sont peu courantes dans ces lieux éloignés de toute grande ville,
La reprise de la route après le repas gargantuesque a été difficile.
Arrivée à Meymac
A l'arrivée, nous allons faire valider nos inscriptions dans la salle communale du village de Meymac (remise de tickets et de médaille commémorative) et là le spectacle commence.
Des machines et des pilotes tous les uns et les autres très hétéroclites (je ne parle pas de la moyenne d’âge).
A l’arrivée sur site, nous devions retrouver un autre vroameur (le noirmoutrin Philippe) qui nous devait réserver un emplacement mais impossible de le joindre au tél.
Mais la solidarité motarde existe encore, nous sommes chaleureusement accueillis par des « amis d’amis d’amis ».
Nous avons échappé à la corvée de bois (fourni gratuitement par l’organisation), le feu est déjà allumé.
Le montage des tentes dans la nuit n’est pas très évident à la lampe frontale.
Apéro et grillades nous font oublier ce désagrément.
Balade pédestre nocturne pour nous imprégner de l’ambiance et passage à l’abreuvoir pour un dernier vin chaud pour nous préparer à une nuitée froide annoncée.
Nous avons retrouvé nos amis vendéens qui sont très en forme ; mais je n’en dirais pas plus.....
Pas de burn mais un petit feu d’artifice et l’ambiance toujours sauvegardée.
Nous serons réveillés par le froid de la nuit, mon duvet n’était pas assez chaud. Il sera changé si on renouvèle l’opération. La température, qui a été relevée, était de -2°.
La crevaison du matelas gonflable de Patrice par un pin's oublié dans un sac, nous fera un souvenir comique sauf pour lui .Il terminera sa nuit enroulé dans sa couverture de survie, sur le tapis de sol gelé de la tente.
Au réveil tout est blanc. Nous décidons d’attendre que le jour se lève et surtout que la route du retour dégèle.
Un café brûlant réchauffe nos corps encore engourdis de froid. Le moral et la bonne humeur sont toujours présents.
Un tour de parc s’impose en plein jour. Nous découvrons des machines de tous types, de toutes cylindrées, de toutes marques et de millésimes très larges. Certaines pourraient être exposées dans un musée.
La moyenne d’âge des participants est assez importante. Certains jeunes participent avec les parents.
Je retrouve un gars de forum Motobecane, venu en mobylette du département voisin.
Le temps du démontage et du retour arrive. Tranquillement nous chargeons nos fiers destriers et nous attaquons la route encore verglacée dans les sous-bois.
Le retour
Lors d’une petite pause, la DTMX ne veut à nouveau plus repartir. Elle devait se plaire ici. Une petite séance de poussette et elle repart.
Pour le repas du midi, nous faisons le choix d’un bar PMU dans un petit village. Ici le mot fast food n’est pas dans le langage courant. Le proprio veut bien nous servir un plateau de charcuterie et de fromage, mais nous devons aller acheter des baguettes à la boulangerie voisine. Le montant de l’addition était tellement modique que nous nous sommes interrogés. Une fois le ventre plein, nous repartons joyeux.
Le ravitaillement des hommes effectués, il faut penser à nos montures. Lors du plein du carburant, je fais tomber le doseur d’huile dans le réservoir de la moto de Richard. Ce qui lui vaudra une partie de pêche au retour à la maison.
Le dosage d’huile des prochains pleins sera approximatif (plutôt plus riche).Nos petites machines avalent tout sans broncher.
Une nouvelle séance de poussette pour certain (je tairai le nom du fautif que je ne voudrais pas blesser)
L’arrivée sur Angoulême se fera dans l’après-midi. Pour moi, la route du retour n’est pas terminée. La remontée sur Nantes via Niort se fera tranquillement à cause de la fatigue accumulée durant ce weekend.
Conclusion
Le bilan de ce voyage dans le temps est très positif:
- la solidarité motarde existe toujours !
- la fiabilité des motos de l'Est n'a rien à envier à celles venues du soleil levant ! Malgré leur âge avancé, nos machines chargées comme des mulets ont accompli notre balade hivernale de 500 kms sans broncher. La préparation mécanique faite par Richard était au top.
-la moto permet de rester jeune! Pendant ces 3 jours avec nos 125 nous avons tous retrouvé nos 16 ans !
- pas besoin de grosses motos super puissantes et d'hôtel 4 étoiles pour passer un super weekend entre copains motards.
Bref cette sortie hivernale nous laissera le souvenir d'un très bon moment d’amitié, de partage et de bonne humeur passé entre potes.
Un grand merci
A Richard de sa confiance pour m’avoir prêté une de ses machines, pour la réalisation et la reconnaissance du road book.
A Alexandra pour son accueil et son bon repas la veille du départ mais aussi pour le tricot des tours de cou souvenir.
A Patrice et Stéphane merci pour ce moment.
Bernard MEUNIER, Vroameur du 44.